Je suis passée dans un vol d’oiseaux circulaire ce matin. Je marchais le long du fleuve et ils volaient autour d’une lumière de fortune. Je passais près de toi en pensée. Le corps pas très loin de toi finalement. Ça faisait surgir des reflets de soleil là où il n’y en avait pas. J’ai embrassé ton sommeil de tout mon être, j’ai laissé une trace invisible de vaines tendresses. J’ai regardé de mes yeux de transparente l’autre côté de la ville. J’ai arrosé de mille fluides ton palais quotidien.
Et puis j’ai plongé dans la forêt comme on plonge dans la mer. Comme on se noie.
Je me suis laissé aveuglée, j’ai regardé l’orange. J’ai ouvert les yeux grands comme une pharaonne. J’ai laissé faire le chemin et la rocaille, un souvenir. J’ai ouvert grand pour donner l’ordre de l’abandon. J’étais sublime et délicate. Je dis « je » puisque j’étais sortie de la détresse humaine. L’orange maternelle et bienfaiteur, inconnu pour toujours. La fin d’une croyance nous élève.
Je mangeais des silences, je saluais l’immobile.
Tout était nu.
Le ciel tremblait.
Le vert tout à coup, était vert.
racine 